Plus de 2 ans après le dernier week-end club (on sait pourquoi), nous nous sommes retrouvés à 19 Gare de Lyon en ce dernier samedi de novembre, prêts à affronter des conditions qu’on prévoyait difficiles sur les 4 épreuves de la 67ème édition de la SaintéLyon (SaintéTic – 13 km- SaintéSprint – 23 km – SaintExpress – 46 km – SaintéLyon - 78 km) que, dans le milieu, on appelle « la doyenne ». Nous aurions dû être 21 mais Fabien et Julien avaient malheureusement dû déclarer forfait au cours de la semaine précédant le week-end.
Tout le monde était bien ponctuel, ce qui a ravi le GO, et, hormis un petit changement de train à la Part-Dieu pour atteindre Perrache (le GO, relativement novice, avait un peu foiré sa réservation SNCF), tout s’est très bien passé. Nous avons rejoint l’hôtel pour prendre possession de nos suites « king size mezzanine vue sur le fleuve » avant de nous diriger vers la Halle Tony Garnier récupérer nos dossards et faire un peu de shopping. Malgré un faux départ de Claude contraint à retourner à l’hôtel pour prendre sa frontale oubliée, rien à signaler sur le trajet réalisé au pas de promenade pour nous mettre gentiment en jambes. Elisabeth en profita pour me recommander de veiller sur son époux ce qui me parut assez peu réaliste, me doutant que je ne pourrais pas suivre Claude très longtemps. Raphaël ayant également oublié sa frontale, mais à Paris pour le coup, il dût se résoudre à en acheter une sur place. Nous avons également croisé quelques connaissances, dont Stève un ami de Charles et Pierre qu’on retrouverait plus tard, ainsi que Benjamin et sa compagne Anne-Charlotte qui étaient du voyage théorique et avorté de 2020. C’est même sur les conseils du premier, dangereux récidiviste, que nous avions alors décidé de tenter cette « petite aventure ». Une petite photo collective sous l’arche d’arrivée avec nos dossards et le trio de cinglés qui devait prendre le départ de la plus longue course (mais à la SaintéLyon plus qu’ailleurs, ce n’est pas la taille qui compte) quitta le reste du groupe pour prendre la navette pour Saint-Etienne. C’est à partir de ce moment que les aventures des uns et des autres commencèrent à différer.
Les 16 qui bénéficiaient d’un peu plus de temps pour se rendre au départ retournèrent à l’hôtel se préparer et, éventuellement, se restaurer à base de féculents. Bien qu’absent de cette troupe, j’ai compris le lendemain que ça n’avait pas été aussi simple que ça pouvait le paraître, les restaurants à proximité étant complets. Ils durent donc se contenter de quelques sandwiches à l’arrach’ avant de prendre leurs navettes respectives pour se rendre, à leur tour, au départ.
Pendant ce temps, dans le parc des expos de Saint-Etienne, nous, le trio, mesurions notre impréparation face à des concurrents disposant de matelas, duvets, bandeaux pour les yeux (et même un fatboy gonflable pour un coureur particulièrement prévoyant) pour patienter confortablement alors que nous allions devoir nous allonger sur le béton en attendant le départ. Las, l’attente ne fut pas si pénible grâce aux rencontres sympathiques avec des amis de Claude dont Denis, un champion entrevu, frais comme un gardon, alors qu’il venait d’achever la première moitié de la LyonSaintéLyon – 156 km – à la 2nde place et partait se restaurer avant de repartir dans la nuit. Une petite heure de queue pour la pasta party achevait d’ailleurs d’occuper le temps dans une bonne humeur collective que même l’arrivée de la neige, vision impressionnante mais assez esthétique, ne parvenait pas à nous enlever.
Sur les autres zones de départ, l’ambiance semblait également bonne (nous nous tenions collectivement au courant grâce à notre groupe WhatsApp, quelle belle invention que ce fil de discussion) et, hormis un petit problème momentané pour retrouver la clé et le gardien du gymnase de Soucieu-en-Jarrest, lieu de départ de la SaintéSprint, rien de notable n’a pu entamer l’enthousiasme des compétiteurs sur l’épreuve.
Du côté de la SaintExpress, Laurent, Pierre et Xavier avaient perdu Raphaël avant même de monter dans le bus, puis c’est Pierre qui dût attendre le suivant. Mais le départ de la navette des 46 était un peu à part des autres ce qui a créé de la confusion. Bien calés à l’avant du véhicule, Laurent et Xavier ont vu deux accidents graves sur la route. Ambiance refroidie avant, à la descente du bus, de passer au glacial : pas de neige au sol mais une heure d’attente dehors en mode Sibérie.
A partir de 22h30 et jusqu’à 0h15 (au prix d’une petite arnaque en profitant d’une joëlette sur laquelle s’est portée l’attention des bénévoles pour que Charles, son ami Stève, et moi puissions attraper la vague 4 dans laquelle Claude qui piaffait d’impatience avait pu se glisser), tout le monde s’est élancé, certains épargnés par la neige mais chacun prêt à affronter la nuit et le froid dans un savant mélange de confiance et d’appréhension mesurées.
Les premiers flocons accompagnèrent d’ailleurs le coup d’envoi de la SaintExpress et les coureurs furent directement projetés dans un ailleurs infernal tel que le GO l’annonçait : rafales de neige en pleine tête côté gauche, et direct dans le dur : 9 km de montée quasi-continue jusqu’au « Signal », point culminant de l’épreuve. Coté public, il n’y avait pas foule mais ils croisèrent quand même 2-3 péquins à un carrefour, un groupe de 6-10 au suivant, des enfants avec un message sur carton à une fenêtre : au milieu de la nuit, c’était plaisant. Et puis la fameuse enfilade de lampes, tel des lucioles qui fileraient comme une colonie de fourmis…belle image que ce fil ininterrompu qui aidait à voir la suite du chemin sur le kilomètre suivant.
Un peu plus à l’ouest, les 3 dingos s’élançaient alors que c’était « déjà » l’arrivée sur la SaintéTic, plutôt urbaine mais avec une énorme difficulté à un peu plus de 5 km de l’arrivée. Marie-Odile, première arrivée de la team, patientait pour récupérer ses camarades de galère Elisabeth, Fouzia, Françoise et Geneviève avant de rentrer ensemble se reposer à l’hôtel à l’exception notable de cette dernière qui, telle une groupie, jouait les prolongations et choisissait d’attendre tous les concurrents de la SaintéSprint.
Sur la SainteSprint justement, ça a bouchonné devant les passerelles. Khadija, Vina et Maxime se diront après coup qu’ils auraient dû foncer en tête de sas. Avec l’expérience, ils sauront.
Après la course, Vina s’est déclarée gênée par le faible éclairage de sa frontale, la prochaine fois elle viendra avec un phare. Franck ultra concentré sur l’effort en a oublié de boire et a fini sa course la poche à eau presque pleine : une récupération difficile en perspective ! Sylvie super équipée, ne s’est finalement pas servie de tout.
Christophe et Bruno terminèrent ensemble, à l’expérience, et les autres en ordre dispersé. Les photos publiées sur le fil de discussion au moment où les 7 encore en course luttaient contre les intempéries (on va y revenir) montraient bien le plaisir qu’ils avaient pris et leur fierté d’être arrivés.
Sur la SaintExpress, ils étaient alors à peu près à mi-course et, sur la SaintéLyon plus ou moins entre les 2 premiers ravitaillements, dans la partie annoncée comme la plus rude et la plus propice aux abandons (de fait j’ai vu plusieurs cars plein de futurs DNF au ravitaillement de Sainte Catherine au km 32).
A partir de 5 heures, les arrivées sur la SaintExpress débutèrent avec Laurent, qui finissait dans un excellent temps malgré une belle ampoule soignée par une secouriste lunaire qui ne comprenait pas qu’il ne veuille pas abandonner, puis chacun (Pierre, Raphaël et Xavier) rejoignit l’arrivée en accomplissant son exploit. Pour eux aussi, la fierté et le plaisir étaient palpables sur les photos. La fatigue et le soulagement également.
Sur la SaintéLyon, chacun avançait à son rythme (Charles et moi avions vu Claude disparaître au loin dès le départ avant de nous perdre de vue vers le 11ème km), et, malgré le froid, le vent, la neige et le verglas, ça ne se passait pas si mal (hormis pour ce qui concerne la frontale de Charles qui ne semblait pas vouloir coopérer).
S’il n’y avait pas eu ce coureur « indélicat » qui faucha Claude et quelques autres au 25ème km, ça aurait été parfait. Néanmoins, malgré un nez en sang, et renonçant à attendre pour pouvoir être recousu que les secouristes aient gérés des cas plus graves que le sien (2 concurrents en arrêt cardiaque a priori), Claude repartait après avoir perdu une trentaine de minutes. Ignorant tout de son aventure, je l’avais dépassé sans m’en apercevoir et je ne le recroiserais que plus tard, un peu choqué mais sincèrement admiratif par la vision du guerrier ensanglanté mais toujours vaillant à une grosse quinzaine de kilomètres de l’arrivée.
En attendant, les conditions se détérioraient sur les hauteurs des Monts du Lyonnais. Le vent du nord était glaçant, les plaques de verglas omniprésentes et les gadins nombreux. Même si l’adrénaline et la fierté m’ont toujours permis de me relever sans trop souffrir, j’ai bien dû m’étaler une dizaine de fois avant que le jour ne se lève sur Soucieu-en Jarrest. Et alors, que j’avais bien passé physiquement les 55 premiers kilomètres, prenant plaisir à courir (pas mal) et marcher (un peu) avec la frontale vissée sur la tête et en souffrant raisonnablement sans que ce soit particulièrement difficile, je repartais de l’avant-dernier ravitaillement avec les jambes complétement coupées et commençant à tétaniser. Claude me remotiva quand il me doubla, puis quand nous nous croisâmes au dernier ravitaillement de Chaponost, mais la fin allait être un pensum. Je n’avais plus de doute sur le fait que le tee-shirt de finisher serait mien mais j’allais devoir beaucoup marcher et m’attacher à tenir du 10mn au kilomètre (!) pour rallier l’arrivée. Je n’avais toutefois pas anticipé l’incroyable cote de l’Aqueduc à l’entrée de Lyon qui a fait souffrir tout le monde sans exception (à part peut-être Roxanne dans la joëlette qui avait pris le départ en même temps que nous).
Un peu après midi, et bien après Claude, je touchais enfin au but. La haie d’honneur joyeuse et bruyante assurée par les autres arrivés (sincèrement, merci !) me procura beaucoup d’émotion et le coup de fouet nécessaire pour que j’accomplisse les 800 derniers mètres en courant avec Marie-Odile (le phénix) pour me tirer. L’arrivée peu de temps après de Charles, nous permis d’atteindre l’objectif collectif : tous les partants du club étaient finishers de ce putain de monument !
Après cela, les événements furent plus classiques : manger (peu), boire (beaucoup et pas que de l’eau), prendre une douche (chaude et longue) avant de se retrouver dans une pizzeria en dédaignant le repos que nous aurions pu prendre à l’hôtel. De toute façon il ne restait qu’une suite, encombrées des bagages de la team et les occupants avaient plutôt envie de rejouer le match que de s’allonger pour dormir. Quelques-uns profitèrent de leur après-midi de liberté pour se balader dans Lyon ou aller à la rencontre de proches, auréolés de leurs lauriers fraîchement acquis.
Enfin, retour à Perrache, avec une dernière blague du GO qui se trompait de voiture obligeant tout le groupe à déménager à la Part-Dieu (mais sans changer de train cette fois) dans la bonne humeur. La suite du voyage fut sans souci, endormis ou somnolents pour beaucoup (même Françoise a dormi un peu), bercés par le train, discutant à mots couverts pour quelques-uns. Et puis ce fut la traditionnelle envolée de moineaux à Gare de Lyon, chacun rentrant dans ses pénates, éminemment fier de ce qu’il avait accompli et, pour certains, réfléchissant déjà à se fixer de nouveaux objectifs. Nous ne sommes pas guéris : on parle notamment du marathon du Mont-Blanc et Vina s’est déjà inscrite sur le prochain Ecotrail. Il y a en a même un que le coup pris sur la tête conduit à des délires : il parle de faire la LyonSaintéLyon ! Babeth saura-t-elle le raisonner ?
Epreuve | Nom | Prenom | Classement Scratch |
Temps | Catégorie | Classement Catégorie |
Arrivants Catégorie |
SAINTETIC 13 km |
BOUCHE | Marie-Odile | 577 | 01:24:18 | M3-M4F | 9 | 58 |
DAUGE | Elisabeth | 763 | 01:30:33 | M3-M4F | 18 | 58 | |
LE GALL | Geneviève | 1097 | 01:46:41 | M1-M2F | 76 | 96 | |
SEHOUANE-JACQUETIN | Fouzia | 1163 | 01:57:11 | M5-M6F | 6 | 8 | |
LE GALL | Françoise | 1183 | 02:06:11 | M7-M8F | 2 | 2 | |
SAINTESPRINT 23 km |
GARNIER | Bruno | 707 | 02:24:15 | M3-M4H | 38 | 164 |
PENIGUEL | Christophe | 717 | 02:24:18 | SE-M0H | 380 | 766 | |
SAINT-MARCOUX | Maxime | 1834 | 03:03:11 | SE-M0H | 695 | 766 | |
SIRSALANE | Khadija | 1968 | 03:12:46 | SE-M0F | 462 | 516 | |
LECONTE | Vina | 1984 | 03:13:10 | SE-M0F | 465 | 516 | |
ZENNARO | Sylvie | 2132 | 03:32:50 | M5-M6F | 7 | 12 | |
AUDIBERT | Franck | 2189 | 03:58:39 | M1-M2H | 332 | 336 | |
SAINTEXPRESS 46 km |
PEGAS | Laurent | 767 | 05:37:07 | M1-M2H | 173 | 546 |
BOCHER | Xavier | 1267 | 06:10:34 | SE-M0H | 609 | 941 | |
BADOC | Pierre | 2004 | 07:12:03 | M1-M2H | 477 | 546 | |
MAURY | Raphaël | 2164 | 07:37:08 | SE-M0H | 892 | 941 | |
SAINTELYON 78 km |
DAUGE | Claude | 1982 | 11:27:49 | M3-M4H | 177 | 521 |
DUCHESNE | Benoît | 2350 | 11:50:34 | M1-M2H | 675 | 1187 | |
LESCOAT | Charles | 2895 | 12:31:36 | M1-M2H | 868 | 1187 |
Date de dernière mise à jour : 20/03/2022